La législation en matière d’accidents de la route a connu de profonds bouleversements avec l’adoption de la loi Badinter en 1985. Celle-ci a simplifié et accéléré les procédures d’indemnisation des victimes, mais a également eu un impact sur les délais de prescription applicables. Décryptage des enjeux liés à ces délais et à la loi Badinter.
Présentation de la loi Badinter
Adoptée le 5 juillet 1985, la loi n°85-677, dite loi Badinter, porte sur l’amélioration de la situation des victimes d’accidents de la circulation et l’accélération des procédures d’indemnisation. Elle est ainsi nommée en l’honneur de son initiateur, Robert Badinter, alors Garde des Sceaux. Cette loi révolutionne le droit des assurances et le régime d’indemnisation en instaurant un système dit « d’assurance automatique« , qui garantit une indemnisation rapide aux victimes d’accidents corporels.
Pour les accidents matériels, le principe de responsabilité civile demeure inchangé : il s’agit toujours d’établir qui est responsable pour obtenir une indemnisation auprès du fonds de garantie ou auprès du responsable lui-même.
Délais de prescription et loi Badinter : quelles spécificités ?
La loi Badinter a modifié les délais de prescription applicables en matière d’accidents de la circulation. Auparavant, ces délais étaient régis par le Code civil et le Code des assurances, qui prévoyaient respectivement des délais de 30 ans et de 2 ans. La loi Badinter vient harmoniser ces délais en instaurant un délai unique de prescription.
Désormais, le délai de prescription applicable est fixé à cinq ans à compter du jour de l’accident. Il s’agit du délai durant lequel la victime peut engager une action en justice pour obtenir réparation de son préjudice. Ce délai concerne tant les actions en responsabilité civile contre l’auteur de l’accident que celles dirigées contre les assureurs.
Suspension et interruption des délais de prescription
Il convient toutefois de souligner que ce délai quinquennal n’est pas absolument rigide. En effet, il peut être suspendu ou interrompu selon certaines circonstances prévues par la loi :
- Suspension du délai : il s’agit d’un arrêt temporaire du cours du délai (ex : pendant une procédure pénale). Une fois la cause de suspension levée, le délai recommence à courir pour la durée restante.
- Interruption du délai : elle provoque un arrêt définitif du délai en cours et entraîne le début d’un nouveau délai de cinq ans. L’interruption peut résulter, par exemple, d’une demande d’expertise médicale ou d’une offre d’indemnisation de la part de l’assureur.
Il est donc essentiel pour les victimes d’accidents de la circulation et leurs avocats de bien maîtriser ces mécanismes afin de ne pas se voir opposer la prescription comme fin de non-recevoir à leur action en justice.
Conclusion
La loi Badinter a profondément modifié le paysage juridique en matière d’accidents de la circulation et a simplifié les procédures d’indemnisation des victimes. Toutefois, il convient de rester vigilant quant aux délais de prescription applicables et à leur éventuelle suspension ou interruption, afin de préserver au mieux les droits des victimes.