Les sociétés civiles de moyens (SCM) sont des structures juridiques largement utilisées par les professionnels libéraux pour partager certaines charges et faciliter leur exercice professionnel. Ce type de société présente des avantages fiscaux intéressants qu’il est important de connaître pour optimiser la gestion de votre activité. Dans cet article, nous vous proposons un aperçu complet du régime fiscal d’une SCM, avec un focus sur les points clés à retenir et les stratégies à mettre en place pour en tirer le meilleur parti.
Qu’est-ce qu’une société civile de moyens (SCM) ?
Une société civile de moyens est une structure juridique qui permet à plusieurs professionnels libéraux d’exercer en commun leur activité. La SCM n’a pas vocation à réaliser des bénéfices : elle a pour seul objet la mise en commun de moyens matériels et humains destinés à faciliter l’exercice professionnel de ses membres. Les associés conservent une totale indépendance dans l’exercice de leur activité et ne sont liés entre eux que par les obligations financières résultant du partage des frais généraux.
Régime fiscal d’une SCM : imposition sur le revenu ou sur les sociétés ?
Le régime fiscal applicable aux SCM dépend en grande partie de la nature des revenus générés par la société. De manière générale, une SCM est soumise à l’impôt sur le revenu (IR), dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC). Les bénéfices sont alors répartis entre les associés et imposés individuellement, selon leur quote-part. Toutefois, il est possible d’opter pour l’impôt sur les sociétés (IS) si la SCM remplit certaines conditions.
Pour être éligible à l’option pour l’IS, une SCM doit notamment satisfaire aux critères suivants :
- Avoir une activité civile, sans but lucratif ;
- Ne pas avoir pour objet principal la réalisation de prestations de services soumises à la TVA ;
- Être constituée d’au moins deux associés ; et
- Disposer d’un capital social supérieur à 1 000 euros.
L’option pour l’IS peut s’avérer intéressante dans certaines situations, notamment en cas de constitution d’une SCM entre plusieurs sociétés soumises à l’IS. Dans ce cas, les bénéfices réalisés par la SCM seront imposés au taux de l’IS (15 % jusqu’à 38 120 euros de bénéfice, puis 28 % au-delà), et non plus au taux progressif de l’IR applicable aux BNC. Toutefois, cette option doit être mûrement réfléchie car elle entraîne également certaines contraintes fiscales supplémentaires (obligations déclaratives, imposition des dividendes versés aux associés, etc.).
TVA : exonération ou assujettissement ?
En matière de TVA, les SCM bénéficient d’un régime spécifique : elles sont en principe exonérées de TVA sur les prestations de services rendues à leurs associés. Cette exonération est justifiée par le fait que la SCM n’a pas pour objet la réalisation de bénéfices, mais simplement la mise en commun de moyens destinés à faciliter l’exercice professionnel de ses membres.
Toutefois, cette exonération de TVA n’est pas systématique : elle ne s’applique que si les conditions suivantes sont réunies :
- Les prestations fournies par la SCM doivent être strictement limitées aux moyens nécessaires à l’exercice professionnel des membres (locaux, matériel, personnel) ;
- La rémunération perçue par la SCM doit correspondre exactement au remboursement des frais engagés pour les besoins du partage des moyens ; et
- Les associés doivent être eux-mêmes soumis à la TVA pour les prestations qu’ils réalisent.
Dans le cas contraire, la SCM sera assujettie à la TVA et devra facturer cette taxe à ses associés sur les prestations fournies. Il convient donc d’être vigilant quant au respect de ces conditions afin de bénéficier pleinement du régime fiscal avantageux des SCM.
Gestion fiscale optimisée d’une SCM
Afin d’optimiser la gestion fiscale d’une SCM, il convient notamment de mettre en place les stratégies suivantes :
- Veiller à ce que les prestations fournies par la SCM soient strictement limitées aux moyens nécessaires à l’exercice professionnel des membres, afin de bénéficier de l’exonération de TVA ;
- Répartir les bénéfices entre les associés de manière équilibrée, en tenant compte de leur situation fiscale personnelle ;
- Prendre en compte les spécificités liées à l’option pour l’IS et analyser avec précision les conséquences fiscales d’une telle option ; et
- Assurer un suivi rigoureux des obligations déclaratives et comptables, afin d’éviter tout redressement fiscal éventuel.
En appliquant ces conseils, vous serez en mesure de tirer pleinement profit du régime fiscal avantageux des sociétés civiles de moyens et d’optimiser la gestion financière de votre activité professionnelle.